Intérim et secteur du médico-social : quelles spécificités ?

Le secteur hospitalier a très souvent recours à l’intérim. C’est d’ailleurs un sujet sensible, à la source de polémiques entre soignants, directions hospitalières et pouvoirs publics. Le gouvernement avait proposé de limiter le recours à l’intérim médico-social, source d’inégalités et de mécontentement des salariés et fonctionnaires. Les tentatives d’encadrement échouent souvent : taux horaire maximum des intérimaires, interdiction d’exercer exclusivement avec un statut d’intérimaire, interdiction de l’intérim pour les débutants, etc. Elles se heurtent à un problème structurel et organisationnel qui dépasse de très loin le seul recours à l’intérim.

Jérôme Mouret – Directeur Stratégique des Offres et Marketing

 

Le médico-social, un secteur en tension sur le recrutement

Le secteur médico-social peine à recruter

Le baromètre des tensions de recrutement du secteur sanitaire, social et médico-social privé non lucratif, réalisé en septembre 2021, montre des difficultés structurelles de recrutement et d’attractivité dans le secteur médico-social. Couplée à de nombreux départs non remplacés, la tension est particulièrement forte.

Ce baromètre indique que 5 % des emplois restent vacants, un taux largement supérieur à celui observé dans le secteur privé (environ 1,5 %). Ces vacances de poste interviennent en priorité pour le personnel soignant (93 %), le personnel éducatif et social (74 %) et les médecins (65 %).

De nombreuses raisons expliquent ces difficultés de recrutement

Les motifs apparaissent nombreux :

  • dégradations des conditions de travail,
  • rémunération peu attractive par rapport aux horaires réalisés,
  • absence de considération,
  • pénibilité.

Tous ces facteurs contribuent à la baisse d’attractivité des métiers médico-sociaux, qui va bien au-delà de la crise sanitaire.

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Exercer un métier utile, une forte quête de sens

Pourtant, la quête d’un métier utile et porteur de sens est immense, en particulier chez les jeunes générations. Ainsi, les filières médicales et infirmières sont les plus demandées au sein des études supérieures dans Parcoursup avec le diplôme d’État infirmier et le parcours d’accès spécifique santé (PASS) en 2022. Mais cette quête doit s’accompagner d’un équilibre entre vie professionnelle et vie privée…

Se heurter à la dureté d’un métier sur le terrain est complexe. Ainsi, les deux-tiers des étudiants et des internes de médecine sont en burn-out, d’après une étude des associations étudiantes réalisée en 2021 !

L’intérim médico-social représente une dépense croissante

Pour faire face en urgence au manque de personnel, les structures médico-sociales usent (et parfois abusent) de l’intérim.

Que représente l’intérim à l’hôpital aujourd’hui ?

Le ministère de la Santé a évalué le coût annuel de l’intérim : il est passé de 500 millions d’euros en 2013 à 1,4 milliard en 2018 pour l’hôpital public. Le coût de l’intérim a plus que doublé de 2000 à 2021 dans les établissements de santé et a été multiplié par 10 dans le secteur social et médico-social.

Les accroissements temporaires d’activité se multiplient à l’hôpital. Ils surviennent de manière parfois impromptue comme avec la pandémie de Covid-19, mais sont parfois prévisibles comme avec les pics épidémiologiques annuels (grippe, bronchiolite, gastro-entérite).

L’intérim apparaît alors comme la seule solution pour répondre aux besoins des hôpitaux en urgence. Seulement, ce recours à l’intérim a connu une croissance exponentielle, que les pouvoirs publics souhaitent encadrer. Est-ce vraiment la bonne solution ?

Un encadrement de l’intérim médico-social

La loi RIST de 2021 (loi visant à “améliorer le système de santé par la confiance et la simplification”) a encadré les tarifs de l’intérim médical avec un plafond à 1 170 euros brut par mission de 24 heures.

Toutefois, l’application de la mesure a été reportée d’octobre 2021 à avril 2023, afin de prévenir les dysfonctionnements. Les praticiens hospitaliers peinent à compléter les plannings, faute d’intérimaires acceptant les nouveaux tarifs. Cette mesure devient donc une règle théorique, dépourvue de toute possibilité d’application pratique.

En outre, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2023 prévoyait la limitation de l’intérim chez les débutants. Le Conseil constitutionnel a retoqué cette mesure, considérant qu’il s’agissait d’un cavalier budgétaire…

Les coûts de l’intérim médico-social restent élevés et la solution n’apparaît pas dans les tentatives avortées de réglementation.

L’œil de PIXID

La flexibilité du travail constitue un enjeu double dans le secteur médico-social : elle est un facteur d’agilité indispensable à une nécessaire adaptation aux variations d’activité. Toutefois, le recours excessif entraîne une hausse des coûts et masque les problèmes structurels de recrutement du secteur. La législation tend à aller vers plus de contrôle et de sanction mais se trouve également confrontée à la réalité du terrain, pour lequel l’intérim médico-social ne dispose pour l’instant pas d’alternative viable.

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